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RM 1050 Néféli La Rochelle Québec

Néféli Journal de la Grande Traversée de l’Atlantique mai – juin 2008

Journal de bord envoyé par messagerie au jour le jour, et extraits du journal de Marie-Françoise.


Semaine de préparatifs et de fêtes à La Rochelle du 1° au 8 mai :

Après les nombreux mois de préparation du bateau à Rochefort et de l'équipage avec l'organisation de la GTA, nous entrons dans le port des Chalutiers qui nous est réservé et qui a fait peau neuve. Peu à peu tous les bateaux arrivent : Une belle ambiance de fête avec des musiciens dans le village de toile installé devant l’Aquarium, les promeneurs et badauds qui viennent admirer les bateaux, et les amis et supporters de chacun. 

Beaucoup de visites de notre bateau qui attire par son originalité. C’est pire qu’au Grand Pavois… La famille et les amis sont nombreux à venir nous encourager. Anne-Marie, la femme de Gérard notre équipier, nous rejoint aussi et nous apporte des produits savoyards… et un sérieux coup de main dans les derniers préparatifs. Il faut aussi penser aux courses et aux rangements de dernière minute, ce que nous faisons avec Gérard. Pas mal de petits points à régler pour l’équipement du bateau et de son équipage. Les contacts avec les autres bateaux existent mais restent un peu limités, chacun ayant mille choses à penser, mais. la soirée des équipages est un bon moment d’amitié et d’échanges et l’ambiance est au rendez vous.

Au milieu des fêtes, des visites, des amis, il est difficile de vraiment faire le point dans la sérénité et cette semaine a paru très fatigante mais aussi intense et riche d’amitié.

Gilles, notre fils qui nous accompagne jusqu'aux Açores, est arrivé hier soir et il prend ses marques dans le bateau et dans l’ambiance générale. Nous assistons au briefing météo qui annonce de la grisaille et de la pluie mais des vents moyens. On verra bien !!Gilles est presque déçu….

Les pontons sont noirs de monde, on peut à peine passer. La tension monte.


Jeudi 8 et Vendredi 9 mai  J+1 8h45

Le départ est réglé à la minute près à cause de la marée et de l’ouverture de l’écluse. Le Belem sort le premier.

Guidé par des remorqueurs il entre dans le vieux port, fait demi- tour et ressort, suivi de tous les bateaux de la GTA, à la queue-leu-leu. La foule immense, tassée sur les bords, nous acclame. C’est émouvant et grandiose : on en a la gorge serrée.

Parmi les spectateurs on aperçoit Papyrus, qui avec l’émotion, la chaleur et la fatigue aura un malaise (ce qu’on apprendra bien plus tard !). Beaucoup de bateaux nous escortent sur l’eau, en particulier le Sun Fast 3200 des Cazaux.

C’est un grand moment d’émotion et de joie immense après tous ces mois de préparation. Dans le soleil déclinant, nous nous éloignons de La Rochelle, du bruit et de la foule….

Pour fêter ce départ avec l'apéritif, nous branchons le pilote automatique … qui refuse de fonctionner. Guy et Gilles cherchent ce qui peut occasionner la panne. Rien, ils ne trouvent rien. Guy décide donc de retourner à La Rochelle ce que nous faisons la mort dans l’âme, et c’est dans la tristesse que nous arrivons aux Minimes… Geneviève et Anne-Marie nous rejoignent mais n’arrivent pas vraiment à nous dérider : le cœur n’y est pas.

9h30, vendredi matin. Sympas, les gars de chez Pochon viennent au petit matin, et après avoir cherché longtemps réparent : ce n’était qu’un fil mal serti , difficile à localiser, d'où les pannes aléatoires ! Il est 9 heures 30 quand on repart, au moteur, par un temps très gris sans vent. Vers 11heures, une prise à la ligne de traine : une orphie, à l’arête turquoise qui accompagnera le champagne offert par Françoise et le foie gras offert par Gilles. Ça y est, le rythme de la croisière est pris. Gilles nous offre « les Révoltés de la Bounty » pour que la lecture serve de contre-exemple « au capitaine et à son second »! 


Vendredi 9 mai  J+1

Prise en commun de résolutions « écologiques » pour les déchets et engagement de chacun : la nuit, on met gilet de sauvetage et harnais, toujours.

Le soir, un petit oiseau jaune (une bergeronnette ?) vient se reposer sur le pont : il est chez lui, pas du tout peureux .


Samedi 10 mai J+2

Néféli marche à fond la caisse (7 nds avec F 5/6). Nous ne parvenons pas à joindre les autres participants à la VHF, sauf Marvinest 6 qui était à une vingtaine de miles pourtant. Nous avons à nouveau un problème de pilote, de vérin cette fois. Nous hésitons entre nous arrêter à la Corogne pour réparer, mais nous sommes samedi, demain dimanche et lundi Pentecôte + aléas d'envoi des pièces à éventuellement changer ; ou aller aux Açores en nous faisant envoyer le nécessaire. On va voir en fonction de la météo qui semble bonne. En tout cas, ça donne les boules.... Un grand merci à tous ceux qui nous ont envoyé des messages de bon vent et d'encouragement. C'était vraiment sympa !


Dimanche 11 mai  J+3 45°08.6N - 8°16.6W

Marie-Françoise : Ce matin, les petites nausées semblent disparaître On est amarinés ! Nous avançons vite (7 à 8 nœuds) dans une mer assez mouvementée et grise mais très souvent escortés de petits dauphins sauteurs. Le bateau a servi d'escale à de nombreux petits oiseaux, surtout le premier jour. Les nuits sont fraîches et nous devons barrer à tour de rôle car le pilote automatique ne fonctionne plus. Le moral est bon même si les déplacements dans le bateau sont sportifs à cause des vagues. Très peu de bateaux autour de nous : quelques cargos mais nous allons bientôt traverser le rail Cap Finisterre - Ouessant et ça va s'animer. Quant aux autres bateaux de la GTA, invisibles : un seul contact par vhf et un mail de notre ami Jean qui fait escale en Espagne à cause de problèmes techniques.

Gilles : Depuis samedi 7heures du mat' le vent est établi force 4-5-6 de nord et nous filons vent de travers! Mis à part la grisaille et un peu de difficulté à s'habituer à cette nouvelle planète c'est le pied. Et puis comme le pilote ne fonctionne plus que par petit temps on est passé de la navigation pépère (table à carte à surveiller le pilote) à la navigation sur la dunette avec embruns et harnachement complet. Les dauphins nous accompagnent et les oiseaux viennent se reposer à bord. Et même le capitaine oublie les petits problèmes de jeunesse de Néféli. On pense bien à vous. Envoyez nous des SMS la mer est grande et on est tout petit !


Lundi 12 mai J+4

Gilles : Depuis ce matin 3 heures, le vent est tombé et nous avançons au moteur. Le temps est toujours grisâtre mais notre pilote parvient à fonctionner correctement dans la pétole et ça repose. Nous sommes à l'ouest du cap Finisterre et filons sur les Açores. Nous devrions aujourd'hui rencontrer une petite dépression naissante dans la journée et trouver du vent du SW puis de NW. Cette nuit une hirondelle épuisée est venue faire une pose et nous a quittés ce matin à l'aube pour la suite de son voyage.

Marie-Françoise : Hier, belle journée de navigation. Le bateau filait à 7 noeuds parfois 8 avec très souvent une escorte de dauphins, très belle. C'était un plaisir de barrer et on en oubliait la panne de pilote. Par contre l'équilibre dans le bateau était problématique et nous avons tous une belle collection de bleus. La nuit a été calme avec peu de vent et depuis 7 heures nous marchons au moteur, seuls sur la mer ! Nous arrivons à trouver notre rythme de sommeil. Même dans la journée, il suffit de fermer les yeux pour dormir car finalement nous ne dormons la nuit au mieux que 4 heures. Nous avons quitté le Golfe de Gascogne et il nous reste 750 milles pour les Açores.La vie à bord est douce. En exemple notre repas de midi : salade d'endives aux pommes, filets mignons avec courgettes, assortiment de fromages de Savoie, pommes et vrai café avec chocolat ! en ce moment (il est 14 heures), Gilles fait la vaisselle, Gérard dort, Guy répare une porte où un bouton s'est dévissé.

Guy : Petite précision sur notre route : après nos 14 heures de handicap au départ, nous souhaitions nous dégager au maximum du golfe de Gascogne et éviter ensuite la pointe du plateau continental de Finisterre à mauvaise réputation. Donc plein ouest, puis sud ouest.


Mardi 13 mai J+5

Gilles : Nous avons rencontré au large du cap Finisterre une petite dépression "presque" comme dans les livres. Hier vers 15 heures le vent de SW s'est levé et a progressivement forci de 11 nœuds à 16 nœuds. Nous avons navigué au près sous un ciel très lourd et quelques bonnes averses.

Repas du soir : salade de pâtes partagée tous les quatre à table, bateau à la cape. Puis c'est reparti. Vers 9 heures du soir nous avons rencontré le front froid, le vent a tourné WNW, avec enfin du ciel bleu et de beaux cumulus plus ou moins erectus et plus ou moins pluvieux. La nuit s'est faite au près par un vent de 15 à 25 nœuds (force 4 à 6) une mer hachée. Nous progressons donc sur une route plus sud que la route directe en espérant une rotation du vent plus franche au NW. Ce fut la nuit la plus inconfortable mais au moins ce matin nous avons des éclaircies.

Guy : Gilles, dit "Saint Bernobis" a tout dit sur la dépression et sur la première nuit "atlantique vent dans le nez" et peu reposante. Aujourd'hui, ça va être bolinos comme menu. Le moral reste bon et on reste fort. Vivement qu'on en sorte malgré tout. Nous avons également à nouveau une entrée d'eau, toujours entre la baille à mouillage et la cabine avant. Pompons, pompons !


Mercredi 14 mai J+6

Gilles : Hier le vent d'WNW a continué à forcir avec la mer associée et nous tirons actuellement un grand bord de près au SW (205-220°) avec trinquette et GV 3 ris. Cette nuit il a atteint 35 nœuds pendant environ 8 heures et reste maintenant aux alentours de 30 nœuds. Le ciel est redevenu gris et pluvieux. La fatigue commence à se faire sentir et nos habits commencent à être passablement mouillés et salés. On a l'impression d'être dans une lessiveuse. Les repas se simplifient (bolino-bolino…) On compte sur une rotation progressive des vents vers le nord afin de filer sur les Açores.On continue à écoper dans la cabine avant, à raison d'un demi-seau toutes les 2 heures. C'est particulièrement sportif dans les vagues. Un casque lourd serait bienvenu !


Jeudi 15 mai J+7

Marie-Françoise : C'est le lever de soleil sur une mer calmée ! C'est doux après 60 heures environ passées dans le tambour d'une machine à laver ! La nuit aussi a été calme et nous a permis de mieux dormir et de récupérer. Le vent est plus favorable en direction puisque nous pouvons rejoindre la route directe grâce à la stratégie de Gilles qui jongle avec la carte météo, nos positions... Si tout va bien, nous devrions arriver dans la journée de dimanche aux Açores. L'expérience de mauvais temps qui dure, avec des vents jusqu'à 37 nœuds, des vagues qui éclatent contre la coque et font des gerbes, les grains qui se succèdent, l'intérieur mouillé et les vêtements aussi, nous montrent que c'est dur physiquement car chaque action est diddidiiile (je voulais dire difficile mais je me suis endormie!!!)

Gilles : Bon là elle s'est endormie sur le clavier et ce n'est plus le lever du soleil mais 10h45 et c'est Gilles qui prend la plume avant son quart de 11 heures. Enfin une nuit calme. Ce matin soleil vent de 11 nœuds de nord, on fonce vers les Açores, les fringues sèchent et le bateau s'aère. Y a bon !!! Et en plus Oh miracle ! J'ai reçu le premier crumble de message de ma petite famille.

Marie-Françoise : on revit toujours et j'ai même pu préparer les légumes de ratatouille au soleil ! bientôt les shorts ! le moral remonte en flèche avec le baro. Merci à tous ceux qui envoient des messages : nous sommes ravis d'avoir Iridium à bord.

Guy : Suite du roman, Saint Bernot a dû sourire de nous voir jongler avec les isobares et les déplacements de dépression. En tout cas, on a évité un deuxième pire et ce matin c'est la détente ! 6 nœuds au portant, le pied.


Vendredi 16 mai J+8

Gilles : Depuis que nous sommes passés (ouf ouf ouf) au nord de la dépression suivante, nous sommes sur le plus grand bord de travers de notre carrière: 24 heures de vent de nord variant de 11 nœuds à 20 nœuds avec 166 Milles parcourus sur l'eau en 24 heures à la moyenne journalière de 6,9 nœuds. Pendant la journée d'hier nous avons bombé avec grand voile et spi asymétrique avec des pointes de vitesse à 8,9 nœuds. Le soir nous avons rentré le spi à 18 nœuds de vent. Le père vieillit bien ! on peut s'éclater! Pendant la nuit nous sommes passés à grand-voile et génois et avons poursuivi à fond les ballons. Si bien que cette nuit Marie-Françoise s'est réveillée furax, a jailli dans le cockpit en slip pour nous engueuler et nous demander de freiner un peu !

Marie-Françoise : Quelle nuit, j'avais l'impression d'être dans une locomotive en folie qui roulait d'un côté à l'autre. Je ne vous dis pas la situation pour dormir à deux dans la cabine. On a fini en un grand fou-rire devant nos nœuds en 8. Comme dit Thomas, ils sont durs avec sa mamie!...Je n'ai pas pu fermer l'œil sauf sur le matin et donc je suis de meilleure humeur. Gilles jubile avec la griserie de la vitesse et il nous règle les voiles au petit poil.

Belle journée de détente hier avec le soleil avec nous. Le bateau marchait vite mais très régulièrement. Le pilote automatique marche quand il n'y a pas trop de vagues et que nous ne sommes pas au vent arrière : ça soulage les bras ...ou plutôt le bras car c'est toujours le même. Nous avons aperçu deux fois des baleines : une fois elle a soufflé près du bateau et nous avons vu sa queue, une autre fois son dos surnageait. rien encore de bien spectaculaire. On attend mieux !! Nous avons très souvent par contre de beaux spectacles de dauphins. Quant à la pêche... heureusement qu'il y a des provisions. Nous passons ce matin à l'heure UTC (deux heures de moins que chez nous): ça correspond mieux au soleil. 

  • SMS : Thomas : vous n'avez pas honte de malmener Mami comme ça ? 
  • Raf & Paul : contents de vous savoir sortis du lave-linge. 
  • Ganguets : rêve de votre vie ou masochisme ? 
  • Eric : allez, Tonton & Tata, on est derrière vous, mais Christelle a vomi en entendant 35 nœuds de vent !
  • Ed & Jack : on a honte d'avoir tout le soleil ici (en Belgique).


Samedi 17 mai J+9

Guy : C'est samedi, et Thierry ne doit pas travailler : nous n'avions pas le premier message d'encouragement de la journée, en provenance de Chypre, nous disant combien de bateaux sont devant nous.

NKE nous a annoncé qu'ils envoyaient les pièces de rechange pour le pilote, reste à savoir comment Fora va faire réparer l'entrée d'eau. Il va y avoir du boulot aux Açores.

Marie-Françoise : Nous n’avançons, pas très vite vers les Açores avec un tout petit vent et au soleil, après une nuit de pleine lune, très calme, de voile et moteur(ce qui a rechargé les batteries électriques et physiques! Nous avons presque parcouru 1200 milles nautiques. Ça va faire du bien une bonne douche. Saurons-nous encore marcher droit ? d'autres rêvent d'une bière pression à l'ombre d'une tonnelle.

Hier après-midi nous avons pêché un thon, merveille ! une belle bête qui va nous faire deux excellents repas. Gilles et Gérard étaient fous de joie sauf pour le découper…. Les messages affluent de tous les amis : c'est très sympa, même que notre neveu a trouvé une solution pour réparer le hublot : le démonter. Comme il dit : "pas con le neveu" ! Nous avons bon moral et nous avons récupéré des fatigues des jours difficiles, on va boire le champagne à midi pour fêter notre première pêche et les 1200 miles. Gilles : Repos, pêche, soleil, et récupération du sommeil perdu. C'est coooooooool ! L'anticyclone est avec nous et la route vers les Açores s'allonge au gré de notre vitesse faiblissante. Les enfants j'ai enfin compris comment pêcher le thon. Cet été on s'en fait un au barbecue au mouillage parole de grand pêcheur! Ah! Pierrot si t'avais vu ça ! ça réconcilie avec 25 ans d'échecs dans la pêche !


Dimanche 18 mai J+10

Marie-Françoise : Après une nuit calme de pleine lune, avec beaucoup de moteur (nous sommes en plein anticyclone) nous avons aperçu l'île de Sao Miguel à 7 heures du matin. Depuis (il est16 heures) nous remontons le long de l'île au près en tirant des bords et l'arrivée au port nous paraît longue. Il n'y a que Gilles qui n'a pas envie d'arriver et qui s'accroche à la barre !

Une méduse à voile dont nous avons rencontré des dizaines d'individus en croyant de loin que c'étaient des bouteilles plastiques ….

Nous venons de voir une baleine qui a respiré longtemps en surface avant de plonger pas très loin du bateau, et au petit matin nous avons pêché un thon (le 2ème) qui nous a fait un bon repas de midi. Gilles n'en revient pas d'être si bon ! Nous avons ouvert la xème bouteille de champagne à l'équipage de Néféli et à la 1° étape.

Contents de l'équipage, du bateau et de l'entente entre nous. Les messages nous arrivent bien et nous font plaisir d'autant que nous n'avons vu ni entendu aucun bateau de la GTA le long de cette traversée.

Gilles : Un petit thon pêché ce matin avec Gérard pour le dernier repas en mer de cette étape. Une dernière journée de près dans une petite brise d'ouest en longeant les côtes de cette superbe île volcanique au milieu de l'océan. Une course à la baleine. Une petite fiesta pour fêter la première traversée de 1350 miles nautiques sans escale de l'ensemble de l'équipage et du bateau. En bref une belle dernière journée en mer avant le retour à la civilisation et aux plaisirs de vous entendre. Il est 19h30, nous entrons au port de Ponta Delgada. Hip hip hip… !

Marie-Françoise : On arrive finalement à 20 heures, accueillis par applaudissements et trompettes. Sur Jeff 2 notre voisin, Hervé, Gérard et sa femme Monique, nous invitent à leur bord avec un (et plusieurs) tipunch . Après la douche, et avec un fort mal de terre, tout tourne ! Pierre, notre équipier canadien, nous attendait à quai et il est tout de suite à l’aise et s’intègre parfaitement au groupe. Véronique, à bord de Jeff2 a beaucoup souffert et elle est heureuse d’arriver : elle cherche un autre embarquement, mais elle est contente de sortir du huis-clos.

Nuit au port : nous sommes tous heureux d’être là et d’avoir réussi dans de bonnes conditions cette première étape. Beaucoup d’autres équipages nous féliciterons d’avoir si bien marché. Nous sommes après tout un des plus petits bateaux ! J’oublie complètement mon idée d’abandonner ! Seul Gilles est un peu morose à l’idée d’arrêter. C’est dur de devoir travailler. ! Les jours suivants, il discutera avec les « jeunes » sur les autres bateaux, les interviewant pour savoir comment ils ont pu se libérer.

1350 miles parcourus au loch, 135 miles de moyenne journalière, 150 en excluant le faux départ du 8 mai.


A Ponta Delgada : île de Sao Miguel Escale de 4 jours (du 19 au 23 mai)

Marie-Françoise : Les cinq jours passés à terre ont été bien occupés : nettoyage, réparations, quelques courses, des moments d'échange avec les autres bateaux : comme il y a peu de lave-linge, l’attente de son tour permet les échanges et les discussions avec les autres équipages. On se rend compte qu'il y a eu beaucoup de problèmes de matériel, mais aussi humains.

Beaucoup d'équipages ont changé d'équipiers pour incompatibilité de caractères : "Trois Pipes" dont le skipper ne supportait pas la fumée ; une équipière, très directive car chef de bord aux Glénan, entrée en conflit avec son skipper qui traverse une période difficile ; le jeune skipper d'un autre voilier qui a du mal à imposer son autorité à son équipage composé de son père et des copains de ce dernier.…

NOUS AVONS DE LA CHANCE et l'entente est bonne à bord. Touchons encore du bois.

Un autre voilier qui a beaucoup de retard et qui accumule les difficultés : filets de pêche pris dans l’hélice, escale en Espagne, et, sur la fin du parcours : un équipier remplit de fuel le réservoir à eau au moment où le vent le vent s’arrête, sans parler du comportement difficile de son propriétaire. Des problèmes techniques aussi, même sur les bateaux les plus neufs, les plus chers, les plus grands : du coup, je relativise les nôtres et je suis moins furax contre Fora. N’empêche que Guy, Gilles, Pierre et Gérard essaient de réparer la fuite d’eau : deux démontages de la cadène de trinquette dont la liaison avec le pont n’a pas reçu de sikaflex ; ça ne suffit pas : c’est la cloison de la baille à mouillage qui se déstratifie et malgré le colmatage, la fuite va continuer, plus petite certes ! Par contre nous avons reçu la pièce défectueuse du pilote et il va très bien marcher maintenant.

Des problèmes de mal de mer: sur Avel Breiz qui doit débarquer les deux femmes du bord dont l’une doit même être hospitalisée à cause de la gravité de sa déshydratation.

De bons moments : une soirée dans un restaurant typique où l’on mange des lulas (calamars) frits ou gratinés, arrosés du vin local, vin de Pico, fort en tanin. Belles rigolades avec Pierre le canadien, déjà adapté à tous, avec Véronique et Patrick (de Gorban, bateau du GIC : groupe de croisière international), avec Gilles en pleine forme… Un serveur, tout petit aux gestes et à la démarche de marionnette, empressé et rigolo. Une scène de commedia dell’arte à notre départ où il se retrouve dans les bras de Pierre (Le grand gros soulevant le petit maigre !!).

Mardi, visite de l'île en car, organisée par les azoriens, très intéressante : l'île est très verte: des pâturages et des forêts très denses, presque tropicales, avec des fleurs partout: rhododendrons, hortensias, amaryllis, capucines ...

Elle est aussi volcanique avec des fumeroles et des odeurs de soufre assez présentes ; notre repas de midi était original : ils font bouillir pendant six heures des légumes et de la viande dans des marmites qu'ils mettent dans la terre chauffée par géothermie. C'était très bon même avec un petit arrière goût de soufre, arrosé d'un bon vin local ! Il y a aussi de très belles caldeiras et des cirques vertigineux et profonds. Le repas (un cozido délicieux cuit dans la terre volcanique) offert à midi, dans un beau cadre.

Le lendemain promenade avec la voiture de location de Pierre vers le Nord. Dommage, le brouillard et la bruine éteignent les couleurs azur et vert du lac ; souper dans le restaurant « dei émigranti » : belle ambiance autour du match de foot et poisson frit : bocca negra et alfonsin (rouges) délicieux.‘

Bon moment avec l'apéro des équipages le jeudi soir.

On termine la soirée avec une glace en compagnie de Véronique, Patrick, Valérie, sur la place du village.

Elizabeth, qui attend la Renaude qui n’arrive pas, doit être réconfortée ; Elle arrivera finalement à minuit, remorquée par ’un autre bateau.

Vendredi, départ de Gilles qui en a gros et nous aussi : nous aurions aimé continuer avec lui car ce fut très chouette d’être ensemble. Marché (ananas délicieux petites bananes et plein de légumes, bœuf excellent), coiffeur et départs échelonnés vers 13 heures.


Deuxième étape : Ponta Delgada / Gaspé.

Vendredi 23 mai J (départ de Ponta Delgada à 13h15)

Marie-Françoise : Quelques bateaux partent plus tard, tous leurs problèmes n'étant pas encore réglés. Pour nous, touchons du bois, ça devrait aller... La météo est bonne pour ce départ. Nous avançons à 5 nœuds réguliers et nous venons de voir une tortue.

Petit pincement au cœur, légère angoisse malgré une météo favorable.

Nous marchons au près avec un vent variable et irrégulier, de 10 à 18 nœuds. Ça bouge beaucoup et il faut reprendre le rythme. Je suis un peu nauséeuse, Gérard aussi. Quelques bateaux autour de nous, à tribord, au début de nuit.

Guy : L'équipage change : Gilles est reparti pour Toulouse, pas enthousiaste de reprendre le boulot, mais heureux d'avoir fait ce bout de chemin avec nous (le plaisir est partagé), et Pierre, notre nouvel ami canadien a rejoint le bord pour la plus longue étape.

Nous allons reprendre nos messages, plus ou moins réguliers, mais ne vous faites pas de souci si pendant un ou plusieurs jours il n'y en a pas. 

  • SMS : Jany & Yves : l'heure UHT, connaît pas, à moins que soit l'heure du laitier. 
  • François : bonne fête à Mams qui ne cessera jamais de me faire halluciner. 
  • Claire & Michel, Gilles, Thierry : messages de bonne fête des mères.


Dimanche 25 mai  J+2 37°34N - 30°34,7W 12h00 UTC

Marie-Françoise : Pour l'instant petit temps, petit vent, ciel mitigé: en plein anticyclone !

La journée d'hier et la nuit ont été relativement calmes avec quelquefois des accélérations du vent mais nous avons toute la toile et roulons un peu de génois quand ça souffle plus.

Nous avons finalement fait le choix de ne pas nous arrêter aux autres îles à cause de la direction du vent et pour ne pas briser le rythme de vie de croisière qui s'est maintenant réinstallé. Pierre notre équipier canadien s'habitue bien à bord et nous fait partager son expérience. Ses expressions québécoises sont parfois déroutantes mais souvent amusantes (les nôtres doivent lui faire le même effet!).

Au même moment hier nos deux lignes de traîne ont été cassées, par de gros poissons sans doute. Du coup le repas d'aujourd'hui sera tiré des réserves. Nous avons fait un beau plein de légumes et de fruits avant de partir et les ananas en particulier sont délicieux.

Nous avons régulièrement le message de Thierry et de Papyrus; mais aussi plein d'autres, merci à tous, c'est sympa.

Pour les géologues, nous passons aujourd'hui au dessus de la dorsale médio-atlantique : c'est quelque chose même si il n'y a rien de visible en surface. Je préfère d'ailleurs ne pas assister à une éruption volcanique ou à la naissance d'une île en direct !!!

Bon dimanche à tous et en particulier à toutes celles qui sont maman . Amitiés et de très gros bisous de l'équipage de Néféli.

Pierre, l'équipier canadien : Bonjour à tous, après 48 heures à bord tout va bien, la régularité des quarts s'installe. C'est assez facile car il fait très beau; vent de 15 nds un peu au près mais pas de mer.!

PS : d'aucuns se sont fait prendre par l'heure du laitier... C'était un piège !


Lundi 26 mai J+3 38°00N - 32°55W

Guy : Journée d'hier très cool, avec 3-4 Beaufort, tout dessus, mer calme, le bateau glissait sur l'eau. Hier soir dîner à la crêperie "Françou" : crêpes complètes, délicieuses, il ne manquait que le cidre (déjà tout bu)...

Quarts de nuit à contempler les étoiles, en laissant Grincheux (le pilote automatique) tenir la barre. Croisé deux paquebots à 12 heures d'intervalle, et eu un contact VHF avec la Jane, mais en dehors de cela, silence blanc, l'océan paraît désert.

Denis Hugues, le directeur de la traversée, nous a transmis hier les positions des autres voiliers : Destination Calais (un 40 pieds) nous en a mis plein la vue en prenant près de 80 miles d'avance en un peu plus de 24h. On dirait que la flotte s'est scindée en deux, une partie en direction des autres îles des Açores, l'autre plus au sud pour utiliser au mieux les vents qui devraient tourner au SW. Aujourd'hui encore, petit vent de 4 nœuds; on reste cap à l'ouest. Marie-Françoise : Nous profitons du temps clément tant qu'il est là, ça pourrait devenir plus sportif dans quelques jours. Pour Gilles, c'est le statu quo entre les équipiers qui ne sont pas terribles à la pêche pour l'instant! Ils ont bien rigolé de ton message : "pour Pierre, en 2 jrs de mer, as-tu réussi à muter Gégé en extraverti ?", et "pour Gégé, en 2 jrs de mer, as-tu trouvé le bouton Off de Pierre ?". Aujourd'hui, c'est bronzing et farniente. Je sens que ça ne va pas durer ! l'eau est à 22° et on hésite à se baigner ! Pierre a pris une douche d'eau salée hier soir avant rinçage à l'eau douce dans le cockpit ...mais il a les sensations d'un canadien habitué au froid !!!

Gérard : Au Grand Sec Si qui me nomme Le p'tit gros : Je suis dans la transat Moi . Do not disturb please .

Pierre : Bonjour à Suzanne, j'ai bien hâte de te revoir ainsi que les enfants et les petites et bien sûr tous les copains. N'empêche que je jouis de tous les moments de cette Transat. On a eu trois morsures et, j'ai un peu honte de le dire, rien dans le cockpit! C'est le calme plat et le farniente depuis hier soir... un faible vent de SW tarde à se lever. Ce sera certainement différent dans le Golfe. Gégé et Marie-Françoise se complètent à merveille dans la cuisine! Quels festins, vivement un peu de mer sinon ma ceinture ne fera plus !


Mardi 27 mai J+4 10h00TU 38°16N - 35°04W

Marie-Françoise : Belle journée hier, pas très rapide mais très plaisante par mer belle et petit vent (2-3 Beaufort).

Guy : Petite séance d'acrobatie : sous pilote automatique, le vent refuse et nous voilà à la cape. Tour complet pour repartir, mais j'avais oublié que nous avions 2 lignes à la traîne, dont une sur une canne à pêche. Voilà la ligne prise dans l'éolienne. Me voilà perché sur le balcon arrière central pour démêler le tout, pendant que Néféli se remettait en route gentiment sans pilote.

A part ça, rencontre avec une baleine qui est passée sous le bateau et a nagé en parallèle en respirant avant de sonder. Une grosse bête qui devait nous observer. Tout ça au moment où nous recevions un message de Gilles nous disant qu'un cachalot en rut était signalé sur Google à 200m de Néféli !!!

Nous recommençons à prendre le rythme hauturier avec les quarts de nuit, un bonheur pour le moment, et les récupérations pendant la journée. 700 miles à courir pour arriver au point "Glaces" par 40°N et 50°W. La journée devrait être un peu plus animée qu'hier, nous vous raconterons demain. Bises à tous et tout particulièrement à nos petits-enfants qui nous envoient des messages rigolos. Marie-Françoise (again) : ça bouge beaucoup aujourd'hui, car nous sommes au près avec des vagues. Difficile d'écrire. Un grand merci à mes enfants pour leurs souhaits de Fête des Mères.


Mercredi 28 mai J+5 10h20 TU 38°29N - 36°57W

Guy : la journée d'hier fut très inconfortable avec une mer croisée, un ciel typique de dépression en approche et un vent qui ne nous arrangeait pas. Profité d'un vent d'W provisoire pour tirer un bord vers le SW et nous recaler très en dessous du 40ème. Nuit relativement calme, mais petit matin ouvert par des grains et des vents de 30 nds: trinquette et 2 ris, et à nouveau route chahutée vers le "point glaces" (40°N, 50°W) à 600 miles d'ici. Nous continuons à recevoir vos messages d'amitiés, c'est super. Pierre est tout content d'en recevoir un particulier de Suzanne.

Pour aujourd'hui, ce sera tout.


Jeudi 29 Mai J+6 11h17TU 39°03N - 39°10W

La marine, Marie- Françoise : Ce matin, il pleut mais comme Néféli est un bon bateau, on peut veiller de l'intérieur et ça lave les hublots et les voiles. On avance régulièrement sous voiles, génois et grand voile, avec un vent de 10 à 15 nœuds. Hier le vent s'est finalement calmé et nous avons passé l'après-midi "en terrasse "(dixit Gérard) on a même pu prendre une douche dans le cockpit et les trois hommes se sont bichonnés dans l'attente de rencontre de sirènes ! hélas pour eux, elles n'étaient pas de sortie cette nuit et ça s'est terminé en queue de poisson.… Nuit au moteur. Ce matin, les dauphins nous ont accompagnés au lever du soleil. L'ambiance est bonne à bord avec beaucoup d'entraide. Vos messages nous rapprochent de vous tous et nous font chaud au cœur. Nous ne regrettons pas l'achat de l'iridium.


Vendredi 30 mai J+7 10h12 TU 39°32N- 41°28W

Guy : Ça chahute ce matin : entre 20 et 24 nœuds de vent, mer assez forte de SW, comme le vent qui finalement nous permet d'aller droit vers le "point glaces", à 7 nds sur l'eau mais 5 sur le fond "grâce" au Gulf Stream qui depuis les Açores nous fait perdre entre 1/2 et 1 nœud au minimum. Forte gite, Néféli fonce dans les vagues, passe très bien les grosses, mais tape très fort sur les petites.

Contraste fort avec la journée d'hier presque méditerranéenne par ses changements de vent (en 1h, 10 nds, 25 nds, 15 puis presque rien, c-à-d de tout dessus à GV 1 ris, trinquette, à tout dessus puis moteur !). On a failli avoir une belle bonite, mais avec un nouveau méli-mélo de lignes, on tirait sur une alors qu'elle était prise sur l'autre, elle a donc retrouvé la liberté ! Sommes entrés dans le fuseau horaire TU -3, ça se sent au jour qui dure très longtemps et au petit matin qui ne vient pas, mais on fêtera ça demain. Champagne et foie gras c'est pas pour aujourd'hui. Réponses aux questions : Pilote OK, infiltration KO sur babord, mais nouvelle sous le rail de fargue tribord (GRRRRRRR). Moral OK, Papyrus, Elie, messages bien reçus, ainsi que les nombreux messages reçus de toutes parts. 


Samedi 31 mai J+8 14h00 TU 40°06N - 44°16W

Marie-Françoise : Ce matin ça va mieux: on a pu réduire l'humidité dans le bateau et reprendre notre équilibre : le vent est moins fort (autour de 10 nœuds) et la mer moins agitée. Du coup, on avance régulièrement à 5 nœuds sous spi. "On est à un doigt du point G" (dixit Pierre) Traduction: on est bientôt arrivé au Point Glaces qu'il faut passer au sud avant de remonter vers le golfe du StLaurent. (il reste 265 miles C.A.D 3 jours de nav')

La journée d'hier a été pénible : du vent entre 25 et 30 nœuds au près, dans une mer formée. Les vagues cognaient dans la coque avec force et parfois passaient par dessus. Merci à la capote qui nous a bien protégés... mais la vie à bord était difficile. Quand à dormir, c'était à nouveau dans une lessiveuse. Heureusement ça s'est calmé vers 3 heures ce matin. Nous avons senti la force de l'Atlantique et compris ce que St Bernot le météorologue appelait "traversée tonique et sportive". La vie à bord est sympa et dans les difficultés on se serre les coudes. Pas de pêche hier, ça aurait été la galère! Aujourd'hui, peut-être ? ... De grosses bises à tous, en particulier aux amis grecs et à Thierry et Esther qui nous envoient leur message quotidien. Edith et Jacques les chocolats belges nous ont réconfortés dans les moments difficiles. Savoir que des amis du monde entier pensent à nous est fort sympa'. Bon week-end à tous .


Dimanche 1° juin J+9 40°07.43 N - 46°20 W 10h20 UTC

Marie-Françoise : Nous marchons calmement au grand largue à 5,5 nœuds, 6 nœuds vers le Point Glaces. Nous devrions l'atteindre demain en fin d'après- midi. Ensuite ce sera la remontée vers le golfe du Saint Laurent avec sans doute un changement de température. Pour l'instant c'est le pied : 20 à 25° dans la journée, l'eau à 21,4°. Nous sommes actuellement à la latitude et à 1270 miles de New- York (il nous faudrait 10 jours pour l'atteindre ! ça fait rêver). Hier nous avons fêté les mille miles depuis le départ de Ponta Delgada (= 1800 km en 9 jours! pas si mal !). Tous les prétextes sont bons pour se boire une bouteille de champagne mais quel plaisir ! Nous croisons rarement des bateaux et nous suivons les autres voiliers de la GTA par ordinateur mais aucun contact possible par VHF, même avec les plus proches. Par contre cette nuit une seiche ou un petit calamar a atterri sur le pont et nous a laissé une grosse tache d'encre. Comment est-elle repartie ? Les provisions sont bien gérées: nous avons encore de la tome de Savoie et du fromage des Pyrénées et de délicieux ananas achetés aux Açores. Pas de scorbut, ni d'anorexie donc ! L'équipage est en forme, les quarts de nuit se font seuls, car il n'y a aucun danger, ce qui nous laisse de belles marges de repos. On espère pêcher un poisson pour les jours à venir... Pierre : Un ou plusieurs messages SMS seraient bien appréciés !!! Gérard : Maelig Marie Amelie Faustine Romane Jeremie : Hier soir nous avons vu la baleine elle m'a dit quelle passerait vous voir ce soir : rangez vos chambres (elle est grosse).


Lundi 2 Juin J+10 10h30 UTC 40°12.27 N - 48°52.71W

Marie-Françoise : Après la journée de rêve d'hier (mer belle, vent 3/4 B, bateau qui glisse sur l'eau, nettoyage du pont et des peaux) ça devient plus sportif en approche du point Glaces. A partir de là nous devrions pouvoir remonter au Nord sans trop de risques (en principe) de rencontrer des glaçons (dommage pour le ti-punch !)

Vent autour de 20 nœuds, nous venons de prendre un ris dans la grand voile et de réduire un peu le génois. Par contre ça nous permet d'avancer entre 7 et 8 nœuds sur l'eau, mais à 5,5 sur le fond, "grâce" au Gulf-Stream (2 nds) dans le nez. Le confort pour écrire n'est pas terrible et il faut que je sois sur cardans. Aussi ce sera bref aujourd'hui.

NB :- Point Glaces : point de passage imposé par l'organisation de la GTA pour être dégagé des icebergs, encore assez fréquents en cette saison. Paradoxalement surnommé le Point G !


Mardi 3 juin J+11 10h15 TU 41°14,7N - 51°22,2W

Guy : La journée commence magnifiquement : ciel bleu, soleil, SW établi autour de 20 nds, travers / grand largue, 7 noeuds sur l'eau, 6 au fonds, grand-voile à 1 ris, et 5 tours dans le génois. Comme celle d'hier où on était plus près du vent, avec quelques heures avec un courant de 2 nœuds dans le nez. Finalement nous étions à 2 doigts du Point G, mais avons renoncé à poursuivre l'approche, cela nous faisait trop redescendre en latitude. Nous avons quand même arrosé le passage du méridien 50°W, et attaquons la remontée vers Gaspé. L'équipage est en pleine forme. Gérard a un peu de mal à dormir, mais cela ne l'empêche pas de faire une équipe de cuisiniers de choc avec Marie-Françoise qui nous concocte des super menus malgré une houle qui nous fait rouler bord sur bord ! On devient des champions de la jongle et de l'équilibre!! Messages personnels : Pierre: Merci à tous pour les SMS, j'apprécie beaucoup. Le voyage se passe à mer-veille... conditions superbes et l'équipe de rêves! pour Thierry, l'ami de Chypre : toujours le premier message de la journée avec ton amitié.

Mardi encore.3 juin, Marie-Françoise : A la demande de Gilles qui manifestement est en grand manque de bateau, je prends une plume un peu plus littéraire. Ce qui est méritoire dans les vagues et le roulis actuels... en effet nous marchons à 7 nœuds, au petit largue, mais avec toujours le Gulf Stream dans le nez nous en perdons entre 1 et 1,5 sur le fond. Nous avons commencé depuis hier 18 heures notre remontée sur Gaspé et arrosé d'un Armagnac le passage du 50° de longitude. A l'heure présente nous sommes à 677 miles de Gaspé. Comme on a peur d'arriver trop vite (!), on envisage, si c'est possible, de s'arrêter aux îles de la Madeleine, endroit très beau d'après Pierre. Nous avons un ris dans la grand' voile et le génois en partie roulé. Le bateau est relativement stable vu les vagues. Pour l'instant, il fait beau et à midi nous avons mangé une copieuse salade de riz "en terrasse". mais on sent que ça va se rafraîchir: L'eau est descendue à 18° et la température extérieure est de 22°. Niveau pêche, pas terrible. Deux lignes ont cassé : peut-être à cause d'un poisson trop gros (!). les oiseaux de mer viennent jouer avec les leurres et par moment même ils les piquent du bec. Nous avons vu la queue d'une baleine. En collant les morceaux aperçus on doit arriver à en reconstituer une entière. L'entente à bord est super: Gérard et moi efficaces à la cuisine, Guy et Pierre à la vaisselle et au skippage du bateau. Il nous manque le spécialiste du routage! (message de Gérard à Gilles). Nous nous payons des bosses de rire et quand ça devient dur nous nous serrons les coudes. Les nuits avec vent fort sont assez angoissantes mais finalement ça se passe bien et chacun arrive à peu près à avoir son taf' de sommeil malgré des positions assez inconfortables. On nous annonce de la pluie et du brouillard plus au Nord avec renforcement du vent. Comme la dépression s'éloigne, on espère être sur sa queue…

Le bateau marche bien, le pilote automatique est vraiment un vrai confort et on apprécie qu'il fonctionne. L'éolienne marche bien aussi ! Pourvu que ça dure!!! Je vais prendre l'air après cet exercice d'équilibriste. De très, très gros bisous à tous. 


Mercredi 4 juin J+12 10h00 UTC 42°37,6N - 53°35,2W

Marie-Françoise : Ce matin brouillard et pluie, crachin plutôt... après une fin de journée d'hier où le vent s'était levé très fort ( 25 à 28 noeuds) et où il avait fallu bien réduire la toile. La température de l'eau a brutalement baissé (12°) , de l'air aussi(16°) et nous avons brutalement changé de tenue. Finie la terrasse et "bienvenue au Canada" dixit Pierre qui, lui, est tout à fait à l'aise dans ce climat. Une veille assidue s'impose car le radar a un problème de connexion (branchement de l'antenne à l'arrière du boitier de l'écran), ça tombe mal !. On espère pouvoir le faire réparer aux îles de la Madeleine, une île de pêcheurs qui utilisent sans cesse leur radar et où Pierre est allé plusieurs fois et qu'il connaît bien..., sinon ce sera à Gaspé.A part cela, nous venons de déjeuner de bon pain frais et de beurre salé: luxe permis par le pain précuit que l'on passe au four 10 minutes. Beaucoup d'oiseaux, des océanites tempêtes et des puffins cendrés, nous accompagnent même la nuit et c'est sympa.


Jeudi 5 juin J+13 11h30 UTC 44°03.6N - 55° 41.4 W

Marie-Françoise : C'est la pétole, nous marchons au moteur depuis 24 heures. Merci aux belles réserves de fuel du bateau! Nous avons finalement pu remettre le radar en route (grâce au stage d'électricité de Pierre qui nous a appris à nous servir de la fée vaseline !!!). Soulagement car une grande partie du temps nous avons été dans une épaisse brume surtout hier et une partie de la nuit; Certes nous n'avons vu aucun bateau mais nous approchons de zones où il y a beaucoup de pêche et du cap Nord sur Cape Breton Island où nous allons trouver le trafic d'entrée et de sortie du St Laurent. C'est le jour toilettes et cuisine. Au menu : gâteau aux abricots, poêlée de légumes frais: carottes, navets, céleris et jambon cru. Toujours beaucoup d'oiseaux qui nous accompagnent mais la pêche est au point mort. On perd la foi et ce matin, on n'a même pas mis les lignes. Nous avons le temps de bouquiner, de bricoler et de penser (!?)....

Gérard: Tout ce qui précède est FAUX: En fait c'est l'horreur : des vagues de 15 m nous tombent sur la splachhh (je viens d'en prendre une)…. Pierre répare les winches, c'est très dur. Attendez, Guy glisse non il reste encore avec nous. La mer est horrible EFFARANTE jamais nous n'avons vu de telles conditions Je cède tous mes biens à Anne Marie; mon MP3 à mes Copains; mon Opinel à ... ZUt ! je viens de renversser mon POrto en glissant de ma couchette. Marie Françoise a le couteau entre les dents ... Mais on m'arrache des mains le clavier....

Adieu Amis de Ma vIE je Meurs….

Pierre: puis-je en ajouter ? Bon, Gégé décrit la réalité mais pas nécessairement celle d'aujourd'hui ! Ce qu'il ne dit pas ce sont les prises de corps de MF & G, les duels de Guy et moi et les engueulades entre lui et moi... surtout sur le fait que je suis fine-gueule et que lui, il est grande-gueule ! Comme il ne reste que trois jours si tout va bien, nous devrions arriver tous les trois, oups ! quatre à bon port. Je vous laisse car c'est l'heure de la p'tite bibine et que ça c'est sacré !

Guy : oui, on s'est battu ! … à coup de tapis antidérapant, c'était bien assez dur comme ça et ça aurait pu si mal finir (un coup dans l'œil est si vite arrivé). Je dois aussi veiller jalousement, le couteau à la main, sur mon tour de vaisselle que Gégé essaie de me piquer ! C'est vraiment pas la vie de château !


Vendredi 6 juin  J+14 45°22.19 N - 57°44.04W  10H15 UTC

Marie-Françoise : Ce matin, grand bleu après la journée d'hier dans le crachin, le brouillard et la pluie. Par contre la température baisse sérieusement (6° cette nuit): merci au RM qui permet de naviguer de l'intérieur avec un peu de chauffage!! Ceux qui vont changer les voiles ou prendre un ris apprécient de rentrer au chaud!

Nous marchons au près, avec 20 - 22 nœuds de vent, sous grand-voile un ris et trinquette, dans une mer assez hachée (les grands bancs de Terre Neuve). Nous remontons vers les îles de La Madeleine où nous pensons rester 2 jours avant d'aller sur Gaspé.

Le radar fait à nouveau défaut, heureusement la nuit dernière a été claire. Avec le soleil, j'ai encore plus conscience d'être un petit point au milieu de l'océan immense, mais sans en être angoissée.

Notre courriel d'hier a provoqué des réactions nombreuses et amusantes : merci à tous. Ne croyez pas pourtant que l'aventure s'arrête à Gaspé. Après quelques jours de pause, la remontée du Saint-Laurent, d'après Pierre, risque d'être elle aussi " tonique".

Merci aux longs messages de Loïc, nous ne sommes pas inquiets pour ton passage en 1°S, encore qu'un petit tour chez le coiffeur pourrait t'éclaircir les idées (dixit Papi). J'appelle les autre petits enfants à nous écrire.

Pierre : Le lit breton (la pince) a été condamné cette nuit : ça tape énormément et les infiltrations recommencent ! A l'extérieur je suis certain que les embruns gèlent avant de toucher le bateau! On goûte vraiment aux grands bancs de Terre-Neuve, bon, ce n'est pas les tempêtes d'automne mais c'est quandmême intéressant! J'ai viré de bord deux fois cette nuit, presqu'au péril de ma vie car Gégé s'est retrouvé les deux fois sur le plancher... il ne s'était pas attaché dans sa couchette, tant pis pour lui! Ce matin je reste loin lorsqu'il a un couteau en main!!

Gérard: Les conditions sont toujours extrêmes, seul Pierre n'est pas gelé (c'est normal il est le seul a avoir une canadienne) L'epod de Guy est toujours branché sur les frères Jacques et Bourvil (c'est une cure de jeunesse pour nous : la tagadatactic du gendarme) et MF est comme un cobaye qu'a fumé toute sa paille. L'enfer continue : 45 degrés de gite, des glaçons de partout et plus rien dans les cales L'HORREUR....

Guy : Promis, je vais changer d'air : "nuit câline, nuit divine, nuit...." 


Samedi 7 juin J+15 11h40 UTC 46°51,7N - 60°02,3W

Gérard : Ici ED Vit'd'mulet en direct du bateau des Coast Guard canadiennes où nous vivons une situation exceptionnelle. Il semblerait qu'il y ait mutinerie sur Néféli, ce qui serait un dénouement normal de l'ambiance qui régnait à bord ces derniers jours. Il y aurait un mutin d'après la police, deux d'après les syndicats, le rapport est normal. Mais attention je vois que l'annexe a été mise à l'eau avec deux personnes à bord, et tenez vous bien le bout qui tenait l'annexe en remorque vient d'être coupé. C'est dramatique, que va t il advenir des occupants du zozo? Le grand pavois a été remplacé par des calicots revendicatifs, la coque bleu canard est complètement graffitée de slogans rouges. Les places boursières du monde s'effondrent, le CAC40 n'est plus qu'à 30. Déjà 2 avions foncent sur le mât, mais ils le loupent...Mon quart est fini je rends l'antenne. À vous SALUT ! Pierre : Tu vois Cam, quand c'est wet-boat* ce qui peut arriver! J'espère que c'est réversible car il était assez bien Gégé, avant. A mon ami Jean, le commodore-en-chef du CVL, joyeux anniversaire; je regrette seulement de ne pas pouvoir arrêter te serrer la pince en ce grand jour. Je te souhaite une meilleure température pour les deux événements de la journée que ce que la mer nous envoie: 8°C, 20 nds (ça c'est bon), pluie et brouillard (moins bon). * wet boat : bateau où la consommation d'alcool est autorisée, par opposition à dry boat où il n'y a aucun alcool à bord.

Marie-Françoise : voilà à quoi s'amusent les équipiers pendant leur quart de veille. C'est pas sérieux!

Depuis cette nuit nous voyons très nettement l'île de Cap Breton (avec une ville appelée Sydney) et nous nous approchons de son Cap Nord (appelé lui aussi cap Horn*(note de la rédaction : la carte porte l'indication "horne" en face du Cap Nord, il reste quelques progrès à faire en anglais…).) qui n'est plus qu'à 19 miles; l'idée qu'on est de ce côté de l'Atlantique nous rend tout bizarres ce matin ! Guy et Pierre sont en train d'accrocher les pavillons canadiens et québécois aux haubans. Le temps est grisaille avec peut-être de la pluie à venir, mais le bateau marche bien au largue, à 6 nœuds et parfois plus.

Nous recommençons à voir des cargos et des bateaux de pêche. Par chance, la visibilité était bonne et nous n'avions pas besoin du radar (HS). Hier, de gros globicéphales noirs, tout à fait placides, que nous avons d'abord pris pour des orques nous ont souvent accompagnés. Les goélands sur le soir essayaient d'attraper le leurre de la ligne de pêche. Comme je la retirais, ils semblaient faire du ski nautique sur le fil. Nous pensons arriver en tout début de nuit aux îles de la Madeleine (chez les madelinots) si tout continue à bien aller sinon, il faudra attendre le jour pour aborder.


Les Îles de la Madeleine

Au loch, 2035 miles parcourus depuis Ponta Delgada, seulement 1914 au GPS, une moyenne de 127 nœuds sur l'eau et 120 sur le fond.


Dimanche 8 juin J+16 Midi heure locale 15h00UTC

Port de Cap-aux Meules. iles de la Madeleine.

Marie-Françoise : ça y est ! Nous sommes aux îles de La Madeleine, à quai depuis cette nuit. Nous sommes au Québec , de l'autre côté de l'Atlantique, vraiment heureux d'avoir réussi dans d'assez bonnes conditions météorologiques et des conditions parfaites au niveau de l'équipage la traversée de l'Atlantique . Nous repartirons mardi sans doute pour Gaspé et il reste 150 miles environ.

Ce n'est pas la canicule (7 °) avec des passages de crachin et pas mal de vent. Mais Pierre nous a dégoté une voiture par un copain à lui et nous allons faire un tour dans l'île et manger des homards (c'est la spécialité locale et nous avons croisé plein de pêcheurs qui installaient leurs casiers cette nuit). Ensuite Guy s'enverra en l'air pour réparer le radar.

Après notre longue traversée, la douche chaude à volonté a été la bienvenue. Nous avons pu faire les formalités de dédouanement ici ce qui va simplifier l'arrivée à Gaspé. Nous sommes complètement dépaysés au niveau du temps, des repas, de nous retrouver à terre et dans une terre inconnue. Mais nous éprouvons un grand bonheur intérieur d'avoir réussi cette traversée jusque là.

L'escale a été vraiment très agréable. Les madelinots, extrêmement chaleureux, nouent facilement le contact. Des rencontres étonnantes :

« Docile », une jeune femme qui engage la conversation tout naturellement avec moi. Infirmière, elle travaille sur la petite île d'en face. Elle est tombée amoureuse d'un français, Alain, qui a débarqué un jour d'un bateau de passage, qui ne sait pas trop où se fixer, qu'elle essaie de garder en l'aidant à obtenir ses papiers et son visa canadiens mais qui semble bien paumé. Elle a un grand besoin de parler et d'évasion sans doute et vit dans l'angoisse qu'il reparte. Ils viennent tous les deux à bord passer un moment avec nous. Avec un dénommé Gilles (un ancien du bateau Picrate) qui a acheté un bateau à Détroit et l'a remonté par les lacs américains et le St Laurent et qui va partir vers La Rochelle.

Un capitaine du port très typique qui vit sur son bateau une partie de l'année seul (il va voir sa femme de temps en temps!) et qui a appelé son bateau C.A.T.J (= C'est à toi Julien) parce que sa femme ne voulait pas en entendre parler.

Robert et sa femme, des relations de travail de Pierre, nous prêtent spontanément leur voiture et viennent souper avec nous. Visite de leur maison, chaleureuse, toute en bois, intérieur et extérieur. Il a organisé un atelier bois super équipé à côté de sa maison que nous visitons aussi. Grâce à eux et à Pierre, nous avons pu visiter l'île où Pierre était déjà venu et dont il nous a fait découvrir les richesses.

Nous sommes 3 bateaux de La GTA au port : Matin des Îles et Hobby. Echanges avec les équipages, en particulier avec Nicole, la québécoise, qui souffre un peu avec les 3 hommes un peu machos de Matin des Îles. Les échanges sont sympas entre nous. Bon moment au Café de La Grave, un ancien comptoir général converti en café à musique, et soirée homards : délicieux !!! Les maisons en bois, de couleurs vives sont posées sur l'herbe sans séparation et elles ressemblent à des maquettes. Le vent souffle et l'atmosphère est à la bruine et à la grisaille. Comme l'hiver doit être difficile ici : on a la sensation d'être au bout du monde !

C'est une île de pêcheurs essentiellement centrés sur le homard .Nous avons pu en déguster dans une cafèt' de pêcheurs, délicieux, et nous en avons achetés au retour de pêche sur le port pour manger au bateau ce soir ou demain ! Avec les fruits de mer et les moules locales ce fut la fête gastronomique à bord ! Une autre spécialité locale : de toutes jeunes pousses de fougère qu'on fait cuire à la vapeur, des " têtes de violon".

L'après-midi, balade en voiture pour découvrir les îles, reliées entre elles par une longue dune au ras de l'eau. Visite d'un fumoir à harengs (une des ressources de l'île dans le passé mais il n'y a presque plus maintenant de harengs dans leurs filets: ils ont trop été pêchés). Un immense port de pêche spécialisé dans la pêche du homard dans l'île de Grande Entrée.

Des falaises de grès rose que la mer attaque et détruit et de longues plages de dunes qui relient des morceaux d'îles. Le tout dans une atmosphère de vent, de brouillard, de crachin et quelques passages de soleil.

Des oiseaux de mer partout en particulier des fous de Bassan. Des gens extrêmement accueillants et bavards, qui ont envie d'échanger et viennent discuter.


La Madeleine-Gaspé et le Saint Laurent

Mardi 10 juin J+18 Départ des îles de La Madeleine vers Gaspé. 10 heures locales. 14h00UTC.

Marie-Françoise : Nous voici à nouveau en navigation pour les 180 miles qui nous séparent de Gaspé où nous devrions arriver demain en fin d'après -midi. Le temps est couvert et la température pas très chaude. Pour l'instant au moteur jusqu'à ce qu'on sorte des îles, ensuite on devrait être au portant.


Mercredi 11 juin J+19 48°11N -  63°37W

Marie-Françoise : Fin de mon quart. Nous approchons de la côte canadienne et de Gaspé où nous arriverons en soirée. La nuit a été calme (relativement, avec des rafales à 30 nds) malgré un roulis bien désagréable puisque nous sommes presque vent arrière et, vers 5 heures, de belles averses. Heureusement que nous pouvons veiller de l'intérieur!

Guy a pu réparer le radar: c'était une courroie qui était sortie de sa poulie, sans doute à cause des bonds que le bateau a fait quand nous remontions au près.

Nous passons un dernier fuseau horaire aujourd'hui, 6 heures de moins qu'à Paris. Hier soir nous l'avons fêté avec l'anniversaire de mariage de Pierre et Suzanne … au champagne et avec un homard chacun !

Gérard : Bonne nuit à tous .pour nous il est 5 heure NEFELI est bien barré, les sirènes vont s'r' habiller Il est 5 heures et je n'ai pas sommeil. Pierre : C'était un peu fantastique et bien gentil de fêter mon anniversaire de mariage; il ne manquait que Suzanne !!!. Nous refêterons ça lorsque nous nous reverrons !


Jeudi 12 juin Port de Gaspé 11 heures locales

Marie-Françoise : Nous sommes arrivés hier soir vers 20 heures à la marina de Gaspé. 20 bateaux sont déjà là et l'accueil aussi bien par les canadiens que par les copains a été très sympa. Aujourd'hui, annonce de coup de vent et donc il faut enlever du bateau tout ce qui risque de faire prise au vent mais on est bien contents d'être au port. Les autres bateaux, plus lourds doivent aller au mouillage car les pontons ne sont pas assez costauds. Nous étions fatigués hier soir avec un mal de terre assez violent, surtout moi, mais aujourd'hui, ça va bien.


Etape très sympathique de Gaspé : du 12 au 15 Juin

A cause d'un coup de vent annoncé, nous sommes les seuls (avec Jeff 2 et Bikini) à rester à quai, attachés par plusieurs bouts. Les autres doivent aller au mouillage dans la baie.

Accueil très sympathique : des barbecues sont installés dans la capitainerie à notre disposition, tous les problèmes comme celui du gaz trouvent très vite quelqu’un pour nous dépanner, les visiteurs du bateau sont nombreux, les échanges faciles… le boulanger apporte tous les matins baguettes et croissants frais. Une visite en car du parc du Forillon est organisée pour nous : des forêts très denses, où nous apercevons un ourson et un porc-épic, le Cap Gaspé avec ses falaises où tourbillonnent des oiseaux, marins et des pingouins guillemots, des phoques se chauffent sur les rochers.

Le soir, le spectacle de Laurence Jalbert et de chorales locales attirent tous les gaspésiens et c’est la fête !

Le lendemain le «parrain » de Pierre-Yves de Destination Calais nous propose une balade à Percé en minibus. C’est Gérard, prof de fac, de tourisme d’aventures (une spécialité qu’il a mise sur pied luimême et qui forme des animateurs pour ce type de tourisme venus du monde entier). Grand amateur de kayak de mer et de ski de fond, il vit dans une maison typique, ancienne en bois, en pleine nature et l’hiver, il traverse la baie avec ses skis ! Personnage hors-norme en symbiose totale avec la nature et extrêmement ouvert et agréable. La promenade est belle : une grande baie, avec son fleuve, ses oiseaux, ses couleurs, puis on débouche sur la roche percée et en face l’île de Bonne Aventure, où nichent des milliers de fous de Bassan. Au Café Couleur, nous admirons les tableaux, naïfs et très colorés de Gilles Côté, un peintre connu en Gaspésie. Bonne soirée très conviviale avec Jean au resto Brise -bise avec crevettes et morue fraîche.

Le lendemain, nous goûtons à midi le crabe des mers : c’est excellent ! Le soir grand souper des équipages avec une bouillabaisse locale et surtout un spectacle très folklorique : "les Vieux de la Vieille": un "chanteur-piétonneur" avec son harmonica, un accordéon diatonique aux mains d’une marionnette impassible et le meneur de jeu au violon. A nouveau Laurence Jalbert, gaspésienne connue et appréciée de tous, puis « les Moules Marinières » chanteurs de rock qui mettent une ambiance du tonnerre. Tout le monde danse.

Arrivée à l’avion du soir des femmes de marins : La tornade blonde de Destination Calais, Anne-Marie, la femme de Gérard, qui vient nous rejoindre, Geneviève et Marie pour la Renaude. Elles participent à la fin de la soirée très réussie. Nous gardons un souvenir ému de la chaleur et de la gentillesse de l’accueil à Gaspé.


Remontée du Saint Laurent.

Dimanche 15 Juin J+23 15 heures locales. Début du Saint-Laurent

Marie-Françoise : Nous voici repartis ce matin vers 10 heures de Gaspé en flottille dans une ambiance extraordinaire.

Nous marchons actuellement au moteur, sous un ciel gris et bas ; nous avons passé le cap de Gaspé et nous entrons vraiment dans le Saint-Laurent mais il est très large (plus de 100KM) à cet endroit et nous ne voyons pas l'autre rive.

Notre 1ère étape nous amène à Ste Anne des Monts, ce qui représente environ 140 miles et donc une nuit de nav' et une partie de la journée de demain; Pierre : Ca sent l'écurie... à bientôt à Québec!! 


Lundi 16 juin J+24

Sur le Saint-Laurent, au niveau de Ste Anne-des-Monts. Marie-Françoise : Nous avons navigué depuis hier matin en sortant d'abord de la baie de Gaspé puis en longeant la côte Sud du St- Laurent. Cette nuit, il y a eu peu de vent mais à présent nous avons un bon vent arrière, ce qui nous permet d'avancer malgré 1,5 à 2 nœuds de courant à contre. Comme ce type de vent est exceptionnel, nous allons en profiter et remonter jusqu'à Rimouski où nous arriverons sans doute demain matin. La côte est une montagne verte, toute en forêts épaisses dans laquelle se nichent quelques villages aux maisons blanches ou multicolores. Nous avons aperçu une baleine hier au soleil couchant mais le temps de prendre le caméscope, elle avait sondé.

Ça fait tout drôle de ne plus être en pleine mer et de continuer à voir d'autres bateaux du groupe alors que sur la mer nous étions presque tout de suite seuls.

Depuis hier, les dents de Pierre ont grandi puisqu'il est devenu notre "Loup de Mer", un de ces navigateurs canadiens qui ont embarqué à Gaspé pour accompagner la flotte jusqu'à Québec. Nous avions la chance d'avoir le nôtre depuis Ponta Delgada. La vie à bord est toujours sympa, avec une équipière de plus, et nous avons du soleil même si l'air est frisquet. Pour tous les amis qui nous ont envoyé des messages sur notre adresse @free.fr, de grands merci, nous vous répondrons dès notre retour.


A Rimouski.

Vendredi 20 juin J+28 14h23TU 10:23 heure locale 48°18,1N - 69°15,9 W

Guy : un petit point pour vous donner des nouvelles après ce "long" silence.

Profitant d'un vent d'est assez exceptionnel qui facilitait notre remontée du fleuve, nous avions décidé de sauter l'étape de Sainte Anne des Monts.

Erreur fatale, pas pour la navigation car après une étape de 230 miles au loch, nous sommes arrivés à Rimouski juste avant la pluie, mais surtout pour l'accueil de Sainte Anne des Monts qui, d'après les participants qui s'y étaient arrêtés, était vraiment incroyable de chaleur et de qualité. La "mairesse" de la ville est une femme d'un dynamisme hors du commun, poussant la chansonnette avec humour, et serrant les gorges d'émotion ! A Rimouski, le même accueil, mais impossible de rivaliser...

Nous sommes partis ce matin à 4 heures en direction de la rivière Saguenay, d'abord pour voir les baleines et les bélougas qui croisent à son embouchure, puis pour remonter la rivière jusqu'à la Baie de l'Eternité à une trentaine de miles en amont où le paysage serait saisissant, un des plus beaux de la région.

Après des averses carabinées et des orages (mais nous étions au port), le temps reste clément pour cette remontée qui pourrait être très pénible quand on a courant et vent dans le nez. Nous poursuivons au moteur, le vent apparent étant trop faible pour gonfler même un spi !

Nous avons passé quelques soirées avec les "loups de mer" des autres bateaux et bien sûr le nôtre qui porte maintenant sa belle casquette, et l'humour québecois, assez décapant, aidé par un bon Armagnac, cadeau de Gilles, nous a tous fait tordre de rire.

L'arrivée à Québec est prévue le 24 juin dans l'après-midi, en grande pompe (sic : un bateau pompe précédera la flotte). Peut- être aurez-vous le moyen de voir ça sur les ondes.... Nous vous dirons si nous avons d'autres précisions.

Il nous tarde maintenant d'arriver et de rencontrer nos amis du Canada, Huguette et Marcel, notre filleul Pascal et sa petite famille, et bien sûr Suzanne, la dulcinée de Pierre.... Gérard : Jusqu'à présent on pouvait douter : est-ce une mer? est-ce un fleuve? mais aujourd'hui on voit l'autre rive et j'attends de pied ferme les baleines. 


Mardi 24 juin J+32 ou J+47 depuis notre départ de La Rochelle.

Marie-Françoise : Nous sommes à Cap à l'Aigle et partons cette nuit pour Québec où nous devons défiler en parade devant de nombreuses personnalités et sans doute une immense foule. La remontée du St-Laurent s'est passée dans de bonnes conditions bien que souvent au moteur et ces derniers jours avec du brouillard et de la pluie par intermittence.

Par contre nous avons passé deux jours sur le fjord du Saguenay, espérant y voir des bélugas même de très loin, mais nous n'avons vu "que" des rorquals d'assez près et beaucoup de phoques. Nous avons passé une nuit au mouillage dans une très belle baie (la baie Eternité) très sauvage, avec de hautes falaises boisées. Comme nous arrivions après un fort orage nous avons vu sur la plage un orignal, à la taille impressionnante.

L'accueil dans les escales est toujours extrêmement chaleureux avec des visites organisées, des discours, des chanteuses québécoises toutes séduisantes et douées ...et le plaisir d'échanger avec les canadiens du coin qui sont toujours prêts à le faire.

Anne-Marie : Ne nous cherchez plus sur le site de la GTA on a rendu notre balise. On sera au port de Québec. Pour ma part j'ai joué à cache-cache avec les baleines et ...elles ont gagné sauf une. Bises.

La Baie de l'Eternité.


A Québec !

Dimanche 29 juin  Dernier message à relayer

Marie-Françoise : ça y est, nous sommes à Québec!

L'arrivée a été très émouvante et grandiose, un grand moment: deux heures de remontée du StLaurent pour longer la ville, tous les bateaux, pavoisés en parade, les uns derrière les autres, ont défilé devant les quais de la ville devant une foule impressionnante qui applaudissait et au milieu des bateaux canadiens qui nous accompagnaient. Le tout contre le vent et le courant mais avec le soleil (qui nous manque cruellement depuis...).

Ce qui est dommage, c'est qu'ensuite la flotte est séparée en deux, une partie au vieux port, en pleine ville et les autres, dont nous à la marina du yacht club, à l'extérieur de la ville. Comme la ville est en fête, c'est dommage! et l'aventure de la Grande Traversée se termine un peu en queue de poisson. Par contre, il y a de grandes réjouissances autour du 400ème : tous les soirs par exemple une projection sur les murs d'immenses silos qui forment un écran géant sur l'histoire du Québec: c'est assez extraordinaire! plein de spectacles gratuits et d'animations dans les rues.... Les derniers jours sur le Saint-Laurent ont été un peu éprouvants: de grandes étapes, essentiellement au moteur, à cause des vents et des courants forts, souvent contraires en fonction des marées. Aux étapes, beaucoup de visites et de soirées d'accueil, agréables mais trop rapides. Du coup, nous avons à présent une petite chute d'énergie et de tonus! Ça y est, c'est la fin d'une belle aventure maritime. Nous sommes profondément heureux d'avoir été capables de faire cette traversée et de l'avoir faite dans de bonnes conditions. Ce fut une expérience vraiment enrichissante au niveau personnel, dans la vie à bord de Néféli, et avec tous les contacts et les échanges entre équipages, avec les açoriens et canadiens rencontrés. Bien sûr, nous sommes un peu désorientés, maintenant que tout s'arrête et que beaucoup repartent tous azimuts. Un peu fatigués aussi maintenant que la tension retombe.

Tous les sms que nous avons reçus nous ont vraiment fait plaisir, plaisir de partager cette expérience extraordinaire avec ceux qui nous aiment. Le petit signal sonore de message reçu était toujours un bon moment.

Nous arrêtons l'Iridium. Nous sortons le bateau de l'eau le 3 juillet et continuons le tourisme sur terre avec des amis canadiens : ce seront d'autres aventures. Anne-Marie : Après avoir découvert un petit peu Québec et environs et admiré quelques spectacles nous allons faire un petit tour à Montréal. Las d'attendre un bus qui ne venait pas, nous avons fait du stop pour aller à la gare et une voiture s'arrête. Après 2 mots changement de programme : nous partons cet après midi avec eux pour Montréal. L'été canadien est passé encore plus vite qu'en Haute-Savoie. Il a commencé le 26 et fini le 27. Les parapluies sont toujours de rigueur et grands de préférence. Gérard : L'aventure NEFELI se termine, je saigne de douleur Aie Aie Aie, Mais l'expérience continue car j'embarque sur Stésyl un Océanis 440 pour le Retour aux Sources. L'ambiance risque de ne pas être la même...Ce sera sûrement plus dur ! Pour tous : Et un grand merci à Papyrus et à François pour avoir assuré le relais de nos messages.

La Rochelle – Québec.

Du 8 mai au 24 juin 2008.

4 000 miles parcourus sur l’eau.


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